Mercredi 19 avril 3 19 /04 /Avr 13:37

 

 

 

 

 

   

Le terme « masturbation » désigne la stimulation de ses propres organes génitaux dans le but de provoquer une montée de l'excitation sexuelle puis l'orgasme.

La masturbation demeure aujourd'hui encore un sujet tabou, dont on parle peu, que ce soit au sein de son couple ou lors de confidences entre ami(e)s. Le poids des convenances, des traditions, et de la religion en particulier, ont transformé l’auto-érotisme en une pratique honteuse. Pourtant, la découverte de la sexualité, le plus souvent, passe d’abord par la masturbation. C'est une façon naturelle de s'apprendre et d'accéder ensuite à une vie sexuelle épanouie avec l'autre.

Très peu de femmes acceptent de parler de leurs pratiques solitaires. « Je raconterais plus facilement comment je fais l’amour que comment je me caresse. » Certaines même la nient : « Je n’en ai pas besoin, j’ai ce qu’il me faut à la maison ! » Malgré tout ce qui a pu être dit de positif sur la masturbation, le tabou demeure…

Vingt siècles de culture judéo-chrétienne n’y sont certainement pas étrangers. En 2005, le père Marciano Vidal, un réformiste espagnol, a publié le résultat de trois années d'études sur la masturbation, indiquant qu'il n'avait pas trouvé de preuves que la masturbation était immorale. Le cardinal Joseph Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi au Vatican, a réfuté la plupart des analyses du père Vidal. Il a affirmé que la masturbation était mauvaise, et a demandé aux catholiques de ne pas succomber à cette pratique.

Si, pour les hommes, le tabou repose sur le "gaspillage" de leur précieuse semence, l’interdit relève davantage, pour les femmes, du refoulement : « Bien que critiquée, la masturbation des hommes est admise en cas d’urgence, de pulsions irrésistibles, explique Serge Tisseron. L’admettre pour les femmes, ce serait accepter qu’elles aussi ont des pulsions sexuelles irrésistibles, ce que les hommes refusent, tout simplement parce qu’ils ne peuvent pas répondre à ces pulsions s’ils ne bandent pas. La peur de ne pas “assurer” face à une femme désirante sous-tend toute la morale sexuelle édictée par les hommes. Imaginer qu’elles peuvent satisfaire sans eux leurs désirs est extrêmement douloureux. D’où le tabou posé sur la masturbation féminine. »

Au XIXe siècle et au début du XXe, le corps médical se déchaîna contre cette pratique, responsable, selon lui, de surdité précoce, de vertiges, voire d’arriération mentale chez les hommes, ou conduisant à l’hystérie chez les femmes. Une hystérie que l’on soignait par l’emprisonnement avec camisole de force, l’excision chirurgicale ou la cautérisation du clitoris au nitrate d’argent, méthode préconisée en 1886 par l’Académie de médecine elle-même. Aujourd’hui, le discours s’est quelque peu adouci, mais dans les esprits, la masturbation reste le signe « d’un manque affectif ou, du moins, d’un manque de satisfactions sexuelles plus normales ».
Pourtant, depuis longtemps, la preuve est faite que la masturbation ne peut être tenue pour responsable de troubles physiques ou mentaux. Répétons-le haut et fort : la masturbation ne rend ni sourd, ni aveugle. Elle n'entraîne ni stérilité, ni cancer, ni maladie mentale.

La négation du clitoris

La masturbation féminine se conclut majoritairement par une jouissance clitoridienne, sans pénétration vaginale. Pour l’homme, c’est une atteinte à la dignité de son pénétrant phallus. D’où l’idée de s’attaquer au clitoris. En Occident, passée la période barbare des excisions chirurgicales, on pratique une excision mentale. Les livres de sexologie – exceptés ceux écrits par les féministes – décrivent le plaisir clitoridien comme immature lorsqu’il est exclusif, ou comme simple préliminaire à la pénétration.  Convaincues de cela, nombre de femmes consultent : « Docteur, je suis clitoridienne, est-ce normal ? »  Les vibromasseurs, eux-mêmes, ont majoritairement la forme d’un phallus, comme s’il fallait associer plaisir et membre viril.

 

 

 

Dans de nombreux pays, sous l’influence de l’islam et des cultes animistes, les mutilations sexuelles – excision, infibulation – suppriment à jamais le plaisir clitoridien et s’avèrent parfois mortelles. Les femmes, conditionnées à croire qu’elles ne sont vraiment femmes qu’une fois excisées, font à leur tour exciser leurs filles. Longtemps, ces pratiques ont été considérées par les Occidentaux comme des « coutumes culturelles » impossibles à contester. Depuis peu, les tribunaux français les qualifient d’actes mutilateurs et condamnent à ce titre les coupables.

Un rendez-vous avec soi-même

La masturbation est la forme de sexualité la plus spontanée et la plus simple à pratiquer. Elle permet de découvrir son corps et joue un rôle essentiel de substitution ou de complément. Mais elle peut aussi s'enrichir de tout l'imaginaire et être une activité érotique à part entière.

À côté de la fonction d'apprentissage, la masturbation a un rôle très important dans la vie humaine. Les femmes comme les hommes y ont recours pour se détendre : "Quand on peut trouver son plaisir, on se sent détendu et calmé jusqu'au prochain désir de jouissance". La sexualité est d'abord un rapport avec soi-même, une épreuve de vérité où l'on va devoir vivre des choses inconnues, dans des situations où l'on ressentira obligatoirement de l'appréhension, parfois même de l'inquiétude.

Masturbation et apprivoisement

La masturbation a pour fonction de permettre d'apprivoiser ce dont on est capable dans l'abandon au plaisir, dans l'enrichissement de ses sensations et de ses émotions, ainsi que dans l'épanouissement de son imaginaire. Il est extrêmement équilibrant de découvrir et d'exploiter ses propres possibilités de plaisir. Pendant l'adolescence, la masturbation sert à donner au plaisir physique un sens et une place dans sa vie. À tous les âges, la masturbation a une fonction de compensation pour remplacer les autres jeux sexuels quand ils sont momentanément ou durablement impossibles. Chez les animaux, la masturbation semble aussi jouer ce rôle, et être utilisée dans un but d'apaisement : les guenons s'introduisent un doigt ou des objets, les singes se servent de leurs mains, les éléphants de leur trompe, les cerfs de leurs bois, les chiens et les chats de leur langue, les taureaux se frottent contre les arbres…

 

Masturbation et liberté du jeu

Chez les humains, en plus, la masturbation apaise l'angoisse et le stress, car le plaisir a un rôle fondamental dans l'équilibre psychique. La masturbation a aussi un rôle ludique, d'évasion, sans danger pour soi ou pour les autres : en libérant sa vie fantasmatique, en jouant avec les images érotiques, en s'évadant dans un monde irréel, l'être humain se rééquilibre, se libère, se crée son jardin secret dans lequel il y reprend des forces, où il nourrir sa vitalité, afin de tenir le coup dans une société écrasante, épuisante, où les perspectives offertes sont souvent médiocres et vides, où il est submergé de relations sociales sans plaisir, insatisfaisantes, anonymes. Parfois la masturbation n'a pas un rôle de remplacement : la sexualité dans le couple est bonne, mais l'un ou l'autre peut estimer qu'il lui manque un autre type de sexualité, où l'on n'a pas à faire attention à quelqu'un d'autre, où l'on se laisse aller à son propre rythme, en suivant les vagabondages de sa propre imagination.

 

Masturbation et équilibre sexuel

Dans un couple, l'un ou l'autre, femme ou homme, peut aussi avoir envie d'un rythme plus élevé d'orgasmes : la masturbation est le moyen le plus simple de vivre son désir et de dissiper la frustration. D'autant que cette masturbation peut aussi se demander à l'autre, faire partie du jeu à deux : réduire la sexualité humaine à la pénétration vaginale revient à négliger la richesse et la variété des comportements susceptibles de procurer une jouissance dans l'espèce humaine. La masturbation offre au couple une possibilité de sensations différentes, à la femme pour qui cette façon d'atteindre l'orgasme peut apporter un plaisir d'un autre genre ; à l'homme, à qui la masturbation procure souvent une intensité d'excitation que ne permettent ni la douceur d'un vagin ni l'obligation de se retenir un certain temps.

 

Masturbation et culpabilité

Certains se sentent coupables de recourir à la masturbation, comme s'ils volaient quelque chose à l'autre : si d'être satisfait de sa masturbation conduit à refuser la sexualité avec le conjoint, bien sûr il y a un problème. Mais, dans un couple, tous nos plaisirs n'ont pas à être strictement partagés : faisons-nous tout à deux, les magasins, le sport, la musique, la lecture… ? Si la masturbation n'est pas une fuite, mais une recherche d'équilibre, alors on sera bien dans sa peau, et l'on pourra vivre sans tension sa sexualité avec l'autre. Tandis que la frustration d'une sexualité insuffisante fera prendre l'autre en grippe, lui en vouloir et même se détourner de la sexualité avec lui.

 

Un choix personnel

En somme, il existe une multitude de façons de vivre sa sexualité. La masturbation en est une : exclusive ou conjointe à d'autres, constante ou épisodique, solitaire ou partagée, elle colore la vie de l'un, est absente de la vie d'un autre, resurgit dans celle d'un troisième… mais garde sa qualité fondamentale d'être toujours accessible sans jamais être imposée, à prendre ou à laisser selon son gré et sa fantaisie.

 

Le nouveau rapport Hite montre que, pour les femmes, la masturbation est le meilleur moyen d’atteindre l’orgasme, et elle en concernerait 85 %. La pénétration par l’homme, elle, ne marche qu’une fois sur trois…  85 % de succès contre 33 %, n’est-ce pas suffisant pour la conseiller à toutes les femmes anorgasmiques ?  Pour aimer, mieux vaut s’aimer soi-même, faute de quoi la relation risque de devenir une dépendance, une quête de réassurance, et non un échange. C’est ce que tente de faire comprendre Gérard Leleu, fort d’une trentaine d’années d’expérience clinique : « Il existe un lien évident entre la méconnaissance des femmes de leur corps et leur incapacité à jouir. Du coup, incapables de guider leur partenaire, elles en attendent passivement tout… et le rendent responsable quand le plaisir n’est pas au rendez-vous. Je leur conseille donc de se caresser seules, pour se découvrir tranquillement, puis de montrer à leur partenaire ce qu’elles aiment, en lui guidant la main. Pour les déculpabiliser, je leur explique que Dieu – ou la nature si elles ne sont pas croyantes – ne crée rien au hasard. Il n’aurait pas fabriqué le clitoris s’il ne souhaitait pas que l’on s’en serve. Je leur explique aussi qu’il est bon qu’elles explorent l’ensemble de leur corps, pour ne pas se limiter à la jouissance clitoridienne faute d’avoir osé se pénétrer avec les doigts. »

Les enfants et la masturbation

 

Aucune caresse n’est honteuse

 

Jusqu’à l’âge de 5-6 ans, tous les enfants explorent leur corps de la tête aux orteils, en passant par le sexe, avec le plaisir d’expérimenter toutes sortes de sensations. C’est le moment de leur donner les repères qu’ils intégreront pour la vie : le plaisir est une bonne chose et leur corps est à eux. Ce qui implique de ne pas s’offusquer, de ne pas gronder l’enfant qui se touche, et, surtout, de lui expliquer que personne, ni un adulte ni même un copain ou une copine, n’a le droit de toucher son corps s’il (ou elle) n’en a pas envie. La difficulté est de faire comprendre qu’aucune caresse n’est honteuse, sauf si elle est imposée.

Il faut également faire passer le message que la pudeur et l’intimité sont indispensables. Pas question de laisser l’enfant se caresser devant tout le monde, pas plus qu’il n’a à apporter son pot au milieu du salon. « Les adultes ne respectent pas suffisamment l’intimité de l’enfant, s’insurge Frédérique Gruyer, psychosexologue. Ils rentrent dans la salle de bains sans frapper, font des commentaires égrillards sur la poitrine naissante d’une fillette… Ce sont des agressions apparemment anodines, mais tout ce qui est grivois contribue à perpétuer l’idée que la sexualité est “honteuse”. »

 

Différences entre garçons et filles

 

L'enquête réalisée en 1997 auprès des jeunes de 15 à 18 ans par Lagrange et Lhomond montre que 93 % des garçons et 45 % des filles de cette tranche d'âge se sont déjà masturbés. Au delà de l'écart statistique entre les deux sexes, cette enquête met en évidence une autre différence. Pour les garçons, la pratique de la masturbation précède les premiers flirts et les premiers rapports sexuels, alors que les filles commenceraient à pratiquer la masturbation après avoir connu un premier flirt ou un premier rapport sexuel. Les garçons fonctionneraient aux fantasmes alors que pour les filles, ce sont les souvenirs des expériences réelles qui remplissent ce rôle.

 

 

 

 

 

 

 

Par Tantrika - Publié dans : masturbationart
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